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Bataille du Faubourg Saint-Antoine (1652)

Menant toujours le toujours la tête de la Fronde des Princes dans ce début d’année 1652, Condé se rapproche de Paris. Harcelant l’armée royale qui doit aussi s’occuper des troupes du prince de Lorraine venant soutenir le Prince de Condé. Les frondeurs manquent de peu la Cour à la bataille de Bléneau, le 7 avril 1652, où l’intervention de Turenne est décisive.

Après le siège d’Etampes, le 4 mai 1652, Condé à pu se dégager mais il se voit privé du soutien du Duc de Lorraine, qui a négocié son départ avec la Cour. L’armée de Condé se rapproche des faubourg de Paris entre Saint-Cloud et Suresnes, poursuivie par les troupes royales menées par Turenne qui occupe Saint-Denis et par le Maréchal de La Ferté qui est à Epinay.

Condé, craignant la jonction des deux corps royaux, décide de rejoindre Charenton, dans la presqu’île en la Seine et la Marne. Il scinde ses troupes en trois divisions qui font mouvement de nuit et très lentement, trop lentement même car Turenne, averti du danger, à pu faire bloquer les portes de Paris et Condé se trouve coincé dans le faubourg Saint-Antoine, entre les fortifications, dont la Bastille, et les troupes ennemies. Condé est en mauvaise posture.

Sûr de voir la victoire de ses troupes, le Cardinal de Mazarin a invité le jeune Louis XIV à profiter du spectacle depuis les hauteurs de Charonne.

Conscient du danger, Condé dispose ses troupes en 3 groupes, chacun échelonné le long des 3 rues principales : rue du Faubourg Saint-Antoine,rue de Charonne, rue de Charenton. L’infanterie occupe les maisons, utilise les barricades mises en place par les habitants pour se prémunir des troupes du Duc de Lorraine,les cavaliers se forment par escadron pour pouvoir charger le moment opportun.

Turenne lance une première attaque simultanée sur les trois axes qui se brise tout d’abord sur les défenses. Une seconde attaque, menée par le régiment des gardes, parvient à percer et une forte colonne commandée par le marquis de Saint-Mégrin remonte la rue de Charonne, semant la panique chez les troupes de Condé. Ce dernier doit personnellement intervenir et parvient à repousser les assaillants. Les pertes sont lourdes des deux côtés.

Pendant ce temps, Turenne avait fait donner l’artillerie dans la rue du Faubourg Saint-Antoine. 8 pièces balayent la route, foudroyant littéralement les escadrons de cavalerie échelonnés dans la rue. Condé doit de nouveau payer de sa personne et fait ouvrir des brèches dans les maisons, les cavaliers peuvent ainsi se réfugier dans les cours des maisons, laissant l’artillerie de Turenne canonner les rues vides. Turenne ne peut non plus faire intervenir son infanterie,qui serait immanquablement prise en écharpe par la cavalerie de Condé.

Le combat du Faubourg Saint-Antoine, photo Wikipédia

C’est donc du côté de la rue de Charenton que ce déplace le centre de la bataille. Depuis le début de la bataille, le duc de Navailles avait « grignoté » les positions des frondeurs, et Turenne, bloqué sur les deux autres axes , lui envoie des renforts avec pour mission de tourner les positions adverses en gagnant les portes de Paris par les fossés. La manœuvre réussit et Condé doit encore intervenir, mais il ne peut cette fois rétablir la situation. Sa situation devient de plus en plus critique car les troupes du Maréchal de La Ferté viennent de rejoindre celle de Turenne. Ce sont donc 12 000 « royaux » qui font face à 5 000 frondeurs épuisés par une journée de lutte.

Alors que tout semble perdu pour Condé, le miracle se produit : Anne de Montpensier, la Grande Mademoiselle, a réussit à convaincre les parisiens de soutenir Condé. Un coup de canon, parti de la Bastille, donne le signal et la porte de Saint-Antoine s’ouvre pour permettre la fuite des troupes de la Fronde dans Paris.

La grande Mademoiselle, photo Wikipédia

Il ne reste qu’a couvrir la retraite, mission qui sera remplie par « trois escadrons des régiments de Condé, d’Enghien et de Conti ».
Cette bataille fit 800 morts dans les troupes royales et 1000 dans les troupes de Condé.

Source : souvenir du règne de Louis XIV, comte Gabriel Jules de Cosnac (BNF – Domaine public)