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Le 20 mai 1795

Le 1er prairial an III ( 20 mai 1795), dans le tourbillon de la période révolutionnaire, éclate une révolte parisienne menée par les derniers « Montagnards » évincés du pouvoir depuis la chute de Robespierre.

La convention est envahie et un député est assassiné. Les 21 et 22 mai 1795, les troupes commandées par les Généraux Menou et Kilmaine refoulent les insurgés dans le faubourg Saint-Antoine.

Le 3ème régiment de dragons, sous les ordres de Kilmaine a participé à ces journées. Le général Kilmaine a laissé un récit de ces journées dans l’ouvrage intitulé « Détails circonstanciés de ce qui s’est passé le 4 prairial [an III, NDA] au faubourg Saint-Antoine. ( Bibliothèque Nationale de France, Domaine Public)

Ce texte contient un témoignage intéressant sur l’état d’esprit des dragons de cette époque. Le voici texte tel qu’il figure dans l’œuvre de Kilmaine, seule la conjugaison a été transcrite en français moderne pour faciliter la lecture.

Pendant que nous nous reposions, des grappes de femmes connues sous le nom de furie de guillotine, et payées pour prêcher l’anarchie et le pillage, se rendaient de tous côtés autour de nous. Elles entouraient principalement le dragons du 3ème régiment. Plusieurs personnes me témoignèrent des inquiétudes sur ces groupes. J’avoue que je n’en avais aucune. Je connaissais ce régiment pour avoir fait la guerre avec lui dans la ci-devant Champagne ; je connaissais ses sentiments républicains et sa haine pour le brigandage et l’anarchie. J’avais causé avec plusieurs dragons ; voici le langage qu’ils me tenaient : Mon général, quand sous le despotisme royal, on voulait se servir de nous pour opprimer le peuple, il était de notre devoir, comme citoyen, de prendre le parti du peuple contre le despotisme ; mais aujourd’hui, c’est tout autre chose : c’est une horde de brigands et d’assassins qui veut se révolter contre la souveraineté du Peuple entier de la France ; cette souveraineté est uniquement déléguée à la Convention nationale qui en est la seule dépositaire ; celui qui se révolte contre elle est en rébellion contre tout le peuple Français. Nous sommes ici pour défendre, au péril de nos vies, la représentation nationale contre les jacobins, les brigands et les anarchistes et nous rempliront cette tâche. Voilà le langage des dragons du 3ème régiment.

Dans son livre « les dernier montagnards, histoire de l’insurrection de prairial an III » paru en 1869, ( Bibliothèque Nationale de France, Domaine Public) Jules Claretie donne une autre version de cette histoire : pris a partie par une « furie de guillotine » qui lui reprochait de ne pas parler à une femme, un dragon du 3ème aura cette réponse cinglante : « Quand je suis en service, je ne parle qu’avec mon sabre »

Réponse certes plus laconique mais sans doute plus proche de la vérité ...

Le général Kilmaine ( Photo Wikipédia)